Eduquer le cheval - Rennes

Eduquer le cheval : Apprentissages sociaux et
individuels

Unité/équipe encadrante : UMR-CNRS 6552 Ethologie-Evolution-Ecologie.

Equipe 1. Influence des adultes sur la construction comportementale
de l’individu.

Equipe 4 : Vie sociale et communication, perception, production,
fonction des signaux
Nom du responsable scientifique et cotuteur : Martine Hausberger
Marie-Annick Richard

Contact : martine.hausberger@univ-rennes1.fr tel : 02.23.23.69.28

Contexte socioéconomique et scientifique : (10-12 lignes)

Dans la filière équine (sport et loisir), il existe une forte demande
des utilisateurs pour des chevaux bien éduqués. En France, il n'y a
pas moins de 600 000 cavaliers de loisir. Il existe 3161
établissements équestres, générant plus de 20 000 emplois. Une
meilleure éducation des jeunes chevaux permettrait à la fois
d'améliorer la sécurité et le confort de travail des différents
acteurs du milieu équestre (cavaliers de sport et de loisir,
palefreniers, vétérinaires…), mais aussi d'améliorer le bien-être des
animaux, qui sont trop souvent la cible de punitions ou maltraitances
en réponse à des comportements non souhaités. Il est par ailleurs
intéressant de noter que 43% des chevaux sont abattus à un âge
prématuré, dont le quart pour des raisons autres que pathologiques,
c'est à dire pour des problèmes comportementaux généraux (réactions
de peur, agressivité…).

Le but de ce projet est de favoriser l’établissement d’une bonne
relation entre l’éleveur et le poulain, et par voie de conséquence de
préparer au mieux le poulain aux différentes formes de contact qu’il
aura avec l’homme, depuis les soins vétérinaires jusqu’ à une
éducation plus poussée (mise du licol, marche en main, pré-débourrage).

Sur le plan scientifique, la question de la relation homme/cheval est
un débat important dans la communauté scientifique internationale en
éthologie appliquée. Un symposium lui sera consacré au prochain
congrès EAAP (European Association for Animal Production).

Sujet

Les hypothèses et questions posées (8-10 lignes)

Les premières étapes de la relation du jeune cheval à l’homme vont
être déterminantes à court et long terme. Cette relation se construit
sur la base des interactions répétées qui se produisent dès le plus
jeune âge, interactions perçues par l’animal comme positives (par
exemple : apport de nourriture) ou potentiellement négatives (par
exemple : injections, vermifugations…). L’équilibre entre ces deux
types de contact est un constituant essentiel de cette relation homme-
poulain qui peut, suivant la prééminence de l’une ou l’autre
favoriser un rapport confiant ou au contraire de la peur, voire de
l’agressivité. Or, il n’est guère possible d’éviter des interventions
invasives. L’idée ici donc 1) de favoriser une relation de confiance
favorisant les premiers contacts (notre équipe a apporté un certain
nombre d’éléments dans ce sens, cf. Henry et al., 2005, 2006), 2)
d’éduquer le jeune à accepter les contraintes nécessaires afin de 3)
établir un équilibre permettant à l’animal d’associer l’homme à une «
mémoire positive », malgré les interventions incontournables. Cette
base de confiance permettra de préparer les jeunes, dans les
meilleures conditions, aux différentes formes de contact qu’ils
auront avec l’homme aux différentes étapes de leur vie.

Dans le cadre de nos travaux, nous nous interrogerons donc sur
l’efficacité d’un renforcement positif lors des apprentissages sur la
rapidité d’acquisition de différentes tâches liées à l’homme ou non,
la durée de rétention d’un apprentissage avec renforcement positif et
enfin sur les différents types de renforcement utilisable chez le
cheval (outre l’apport de nourriture). Par ailleurs, la question du
choix du modèle sera également abordée : nous nous intéresserons en
particulier à l’influence du statut du démonstrateur (exemple : âge ;
cf. Cadieu Cadieu, 2004) et des liens d’affinités qui unissent le
modèle et l’observateur (mère, familier, non familier…).

Les grandes étapes de la thèse et démarche (12-16 lignes)

Nous réaliserons différentes manipulations se basant sur deux
approches : apprentissage individuel / social, prises séparément ou
en synergie, chez des poulains de différents âges (sous la mère, de1
à 3 ans). Nous noterons dans chaque cas (avec / sans modèle social ;
avec / sans récompense), le comportement du sujet pendant
l’entraînement (absence ou présence de comportements agressifs),
ainsi que le nombre de sessions et la durée de l’entraînement,
l’objectif étant d’obtenir la coopération de l’animal (i.e.
l’immobilité pendant les manipulations). Enfin, des tests
expérimentaux seront réalisés à différents stades, notamment pour
évaluer si les tâches apprises ont été retenues à court et long
termes. Dans un premier temps, nous nous consacrerons d’une part à
l'étude de l'influence du modèle maternel sur l'apprentissage de
tâches spécifiques et complexes d'élevage (poulains sous la mère),
d’autre part à l’impact de l’utilisation d’un renforcement positif
sur la vitesse d’acquisition de diverses tâches, telles que la
coopération lors de soins vétérinaires (poulains de un et deux ans).
Par la suite, nous approfondirons cette thématique:

- en comparant les effets de différents types de renforcement
(nourriture, caresse, grattage).

- en examinant l'influence possible de congénères autres que la mère
en tant que démonstrateur favorisant l'apprentissage des jeunes. A ce
titre, nous tenterons de tester l'efficacité de cet apprentissage en
fonction de l'identité du modèle (âge ou statut par exemple) ou en
fonction des relations d'affinité qui unissent modèle et élève. La
combinaison des deux approches (apprentissage individuel –
apprentissage social) est également envisagée.

Approches méthodologiques et techniques envisagées (4-6 lignes)

Nous utiliserons les connaissances scientifiques sur les processus
d’apprentissage individuel et social pour favoriser 1) l’acquisition
de tâches complexes, 2) l’acceptation de contraintes ou interventions
chez le jeune cheval. Ainsi par exemple, des résultats spectaculaires
ont été obtenus sur des singes de laboratoire qui, par des protocoles
s’appuyant sur des renforcements positifs des comportements désirés,
ont permis d’entraîner les animaux à tendre le bras pour réaliser une
prise de sang. Le même type de protocole pourrait permettre d’obtenir
une acceptation tranquille d’interventions invasives par le cheval,
dans un contexte de compensation des événements désagréables par des
expériences positives.

Compétences scientifiques et techniques requises (2-4 lignes)

Le candidat devra avoir un cursus universitaire solide en
éthologie, psychologie et/ou sciences cognitives et n’avoir aucune
appréhension à manipuler des chevaux jeunes et adultes.